Bayrou se replace en pole position face à Borloo pour les futures élections.

Publié le par thiaisdemocrate

bayrouthinkdifferentCe lu pour vous, Médiapart,

le 2 octobre 2012

 

Ceux qui croyaient pouvoir diagnostiquer un Bayrou isolé, face à un Borloo soi disant "en orbite", (n'est ce pas monsieur Forcari, in Libération du 27/09 ?), se trompaient. Comme se trompent ceux qui pensent que l'UDI a un avenir. (N'est ce pas monsieur Mestre, in Le Monde du 30/09 ?).

 

L'Université de Rentrée du Mouvement Démocrate qui vient de se tenir en Morbihan a remis les pendules à l'heure et les esprits en place. Nombreux étaient, à la droite du Modem, et quelques uns, à l'intérieur, à croire que quelques défections autour du leader démocrate annonçaient une débandade militante. Les en persuadaient quelques hirondelles tentant de sauver, qui un siège, qui un poste, ou encore quelques oisillons de la jeunesse démocrate à la recherche d'une planète dont l'air pourrait porter leurs ailes à peine revêtues des duvets d'un diplôme, supposé, par son empennage, les transformer en flèche politique.

On les a vu déchanter tous, car, et François Bayrou, et les militants dans leur majorité, ont repoussé toute idée de rallier l'UDI. Ils y perdraient cette indépendance qui leur est consubstantielle, car, Borloo l'a assez clamé haut et fort: "Il était prêt à accueillir tous les membres du MoDem qui accepteraient une ligne politique claire de "coalition du centre et de la droite républicaine".

 

L'indépendance. Une valeur clé pour le Modem.

La perte de son indépendance, pour un démocrate, est l'erreur à ne pas commettre, car elle est la source de toutes les perditions. Perditions de ses valeurs. Perdition de son identité. On l'a bien vu dans ces couleuvres avalées durant les 5 ans de la présidence défunte, par ceux la même qui appartinrent autrefois à l'UDF. Ces Borloo, ces Morin, ces Mercier. Mais aussi ces Raffarin et ces Tabarot, derniers soutiens, eux aussi issus de l'UDF, d'un Copé qui reprend sans honte les propos de Marine Le Pen. C'est bien la preuve qu'avaler des couleuvres finit par rendre l'estomac insensible. Bayrou et ses militants le savent. Ils ne seront pas nombreux à partir se faire le gosier et l'estomac à l'UDI.

 

Clivage gauche-droite dépassé.

Par contre, c'est l'esprit de coopération qui a tété prôné par Bayrou à Guidel (Morbihan). C'est l'utilité des compromis et l'unité du pays qui ont été mises en avant. "Nous sommes ceux qui cherchons la coopération entre les grands courants de pensée du pays, plutôt que l'exaspération des conflits et des affrontements. Nous sommes ceux qui préparons la prochaine génération, plutôt que la prochaine élection".

 

Bayrou s'est plusieurs fois référé aux écrits de Gérard Grunberg, théoricien de la bipolarisation, mais récemment convaincu de son inanité, pour illustrer son idée que le clivage gauche droite est dépassé". Lire, pour comprendre, la dernière interview de Grunberg dans Le Monde daté du 2 octobre: "Le clivage gauche-droite sera éclipsé par celui sur l'Europe".

 

Vers une Europe Fédérale.

Ce qu'avait dit également lors de cette université du Modem à Guidel, Guy Verhofstadt, l'invité de François Bayrou. Pour l'ancien Premier ministre de Belgique l'Europe nous oblige à échapper aux habitudes sclérosées des dualismes (ou bipolarités). Et ce sont les politiques qui ont le plus de mal à s'en libérer. Les peuples eux, ont compris qu'il fallait se défaire du nombrilisme des Etats-nations et des partis qui s'en délectent. La politique de Mario Monti en Italie, et le résultat des dernières élections aux Pays-Bas, où les électeurs ont plébiscité les partis pro-européens contre le parti socialiste eurosceptique ou l'extrême droite, le montre.

Le livre que Verhofstadt vient d'écrire avec Daniel Cohn-Bendit, "Debout l'Europe", et qui sort ces jours ci en librairie, en témoigne par ailleurs. Il montre qu'une porte de sortie peut permettre en Europe d'allier responsabilité budgétaire et responsabilité de solidarité. Cette porte mène aux Etats Unis d'Europe. Pour être clair, à un fédéralisme que ni la droite, ni la gauche, ne semblent appeler de leurs vœux en France.

Le prochain combat de François Bayrou.

Mais le leader du Mouvement Démocrate l'a dit. Au delà des prochaines élections municipales, dont il ne se désintéresse pas, c'est l'Europe et les élections européennes de 2014 qui vont être l'occasion de voir quels sont ceux qui ont un vrai projet pour les citoyens et les peuples, de voir quels sont ceux qui veulent tirer la politique vers le haut en étant capables de s'unir. "Nous allons proposer une vision différente et originale de l'avenir européen, du destin européen" a proposé Bayrou à ses élus et à ses militants.

 

Une vision qui veut en priorité deux choses. Mettre la démocratie au centre du fonctionnement européen. Et pour y arriver, faire élire par les citoyens européens un Président pour l'Europe. Ce président, qui avait déjà été proposé par Jacques Chirac et le Chancelier allemand, mais récusé par les Anglais, cas trop européen, c'est Guy Verhofstadt, auquel pense Bayrou.

"Il a cette expérience, car il est d'un pays, la Flandres, où l'on sait bien ce que sont les tensions d'identité, des tensions de dissolution qu'il a réussi à vaincre durant dix ans à la tête de la Belgique".

Vous avez bien compris, a dit François Bayrou, que sa présence ici, à Guidel, n'était pas fortuite, que nous avions des idées, pour le moment où il va falloir désigner un candidat à la Présidence de la Commission européenne pour représenter ces grands courants de liberté et de démocratie qui sont au Centre de la vie politique européenne, avec une idée exigeante de l'avenir européen.

Et de rajouter: "L'Europe est une fédération d'ores et déjà accomplie. Selon moi, il n'y a quasi rien à changer dans les textes, mais il y a une vérité à défendre, c'est que cette fédération, pour l'instant, n'est pas démocratique ou pas suffisamment démocratique, c'est-à-dire qu'il n'y a pas un citoyen européen, pas un sur mille qui pense, qui soit informé de ce que sont les débats au Parlement européen".

 

Tout un programme. En pole position désormais face à Borloo, qu'il défie de se présenter à des primaires pour le centre en France, Bayrou se place d'ores et déjà, dans le grand débat qui nous attend en 2014. Celui de la France et de l'Europe.

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