Après Toulouse, Bayrou appelle ses rivaux à prendre de "la hauteur"

Publié le par thiaisdemocrate

F.BAYROU-copie-1Ce lu pour vous, Le Point.fr.

 

C'est "quitte ou double", lâchait mardi un soutien de François Bayrou. Alors qu'il stagne à une moyenne de 13 % d'intentions de vote depuis le mois de janvier et est progressivement rattrapé par Jean-Luc Mélenchon - un sondage à paraître mercredi matin les place même, pour la première fois, à égalité -, le candidat centriste s'est retrouvé empêtré cette semaine dans une polémique politicienne dont on ne saurait dire, pour l'heure, si elle va lui coûter quelques points ou si elle pourrait, au contraire, tourner à son avantage.

L'objet du scandale : sa décision de maintenir son programme de campagne, lundi, au moment où Sarkozy et Hollande décidaient de "suspendre" la leur - bien qu'il ait fait de ce qui devait être au départ un petit meeting une "réunion de réflexion nationale". Mais surtout étaient en cause certains propos, tenus le soir à Grenoble, tendant à mettre en accusation la classe politique à la suite de la tuerie de Toulouse. "Le fait de montrer du doigt les uns et les autres, c'est faire flamber les passions, et on le fait parce que, dans ce feu-là, il y a des voix à prendre", avait-il notamment déclaré, comme le rapporte  Le Monde.

Depuis, l'entourage du candidat tente d'assurer le service après-vente en dénonçant surtout l'hypocrisie supposée des autres candidats tandis que le staff souligne que l'accueil que François Bayrou reçoit, depuis le début de la semaine, est particulièrement bon. Alors, mercredi soir, à Nancy, où il tenait une réunion publique devant un petit millier de sympathisants, après avoir assisté à Montauban, dans l'après-midi, comme Sarkozy, Hollande et Marine Le Pen, aux obsèques des militaires assassinés, François Bayrou n'a pas fait marche arrière. Bien au contraire.

"Nous souhaitons que le ton change"

Après avoir évoqué des "moments extrêmement éprouvants, qui ont frappé les esprits et les coeurs", un "drame", un "choc" et, au sujet de Montauban, "un moment de solidarité nécessaire pour la nation", le candidat centriste a lancé un appel à ses rivaux pour qu'ils prennent de "la hauteur" : "Je demande que les responsables politiques se demandent dans la campagne électorale qui recommence - en réalité, elle n'a jamais cessé, mais elle va reprendre de manière ouverte -, qu'ils en tirent la détermination que le ton et le fond de la campagne électorale doivent changer", a-t-il lancé.

Et de répéter ce qu'il dit depuis le début de sa campagne, mais qui prenait un sens particulier dans ce contexte : "Aucun des sujets de fond que le pays rencontre devant lui n'a été abordé. Nous avons été une exception. Alors, je demande à tous les responsables politiques du pays qu'ils mettent la campagne électorale au niveau de l'émotion que nous avons rencontrée, et que nous fassions face comme nous avons fait face pendant ces heures." Quelques minutes plus tôt, le porte-parole du MoDem, Yann Wehrling, avait annoncé la couleur à la tribune : "Nous souhaitons que le ton change. Nous souhaitons plus de gravité, nous souhaitons élever le débat", avait-il expliqué. Tout le reste de son discours aura été sensiblement le même que ceux qu'il tient depuis plusieurs semaines : dette, éducation, solidarité, institutions et vote blanc... François Bayrou a évoqué l'essentiel des grands thèmes de sa campagne.

"Une société malade"

Mardi matin, à la radio, il avait légèrement nuancé ses propos tenus la veille au soir, une marche arrière qui intervenait alors qu'étaient rapportés des propos "off" avec des journalistes où Bayrou pointait directement le discours de Grenoble : "La radicalité dans laquelle sombre peu à peu la société française est préoccupante, a-t-il déclaré à l'antenne de France Info. Je récuse toute mise en cause, mais je dis que nous avons devant nous une société malade. Il y a des germes explosifs et une dégradation latente. Cela appelle à une unité nationale", a-t-il expliqué, plaidant pour "une vision du pays qui réunisse et non qui oppose". Pour autant, il y aura, dans cette campagne, un avant et un après-Toulouse. Nicolas sarkozy a réendossé provisoirement son costume de président, Marine le pen en a profité pour évoquer certains de ses thèmes de prédilection. Reste à savoir si le risque politique pris par François Bayrou, qui aura eu le mérite de le faire exister médiatiquement, rencontrera un écho positif.

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